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Peter I, der große. Nach dem Journal des marquis de Dangeau XVII, s. 80, war der czar freitag, 7 Mai 1717, abends um neun uhr, in Paris angekommen. Dangeau schreibt: Le czar arriva le soir à neuf heures au Louvre, et on le mena dans l’appartement de la reine mère, qui étoit meublé et éclairé magnifiquement; mais il le trouva trop bien éclairé et trop bien meublé. On lui avoit préparé deux tablas de vingt-cinq couverts chacune; il ne voulut ni souper ni coucher au Louvre, et on le mena à l’hôtel de Lesdiguières, qu’on avoit aussi fait préparer pour lui en cas qu’il ne voulût pas être dans le Louvre. Il trouva que l’appartement de l’hôtel de Lesdiguières étoit trop beau pour lui aussi, et fit tendre son lit de camp dans une garde-robe. Le maréchal de Tessé a un appartement dans l’hôtel de Lesdiguières, pour ne point quitter le czar. Le czar étoit entré dans Paris dans un des carrosses du maréchal; mais il n’y avoit point de François avec lui, pas même le maréchal.
Zu dieser aufzeichnung von Dangeau bemerkt der herzog von Saint-Simon, a. a. o. s. 80. 81, folgendes: Ce fameux czar a tant fait de bruit dans le monde qu’il seroit inutile de s’y étendre. On se bornera seulement à dire qu’il se fit admirer ici par sa curiosité extréme, qui atteiguit à tout et ne dédaigna rien, dont les moindres traits avoient une utilité suivie et marquée, qui en tout fut savante, qui n’estima que ce qui méritoit de l’etre, et en qui brilla l’intelligence, la justesse et la vive appréhension de son esprit, sa vaste étendue, ses lumières et quelque chose de continuellement conséquent. Il allia d’une manière tout à fait surprenante la majesté la plus soutenue, la plus fière, la plus dé1icate, et en même temps la moins embarrassante, quand il l’avoit mise dans toute sa sûreté, avec une politesse qui la sentoit et toujours et avec tous, et en maître partout, mais qui avoit ses degrés suivant les personnes, avec une familiarité qui venoit de liberté et une forte empreinte de cette ancienne barbarie de son pays qui rendoit toutes manières promptes, même précipitées, ses volontés incertaines, sans vouloir être contraint ni contredit sur pas une. Sa table quelque fois peu décente, et beaucoup moins ce qui la suivoit, souvent avec un découvert d’audace et d’un roi partout chez lui, et ce qu’il se proposoit à voir ou à faire dans l’entière indépendance des moyens, qu’il falloit forcer a son plaisir et à son mot [sic]. L’envie de voir et à son aise, l’importunité d’être en spectacle, l’habitude d’une liberté au-dessus de tout, lui fit souvent préférer les carrosses de louage, les fiacres, le premier carrosse qu’il trouvoit sous sa main de gens qui étoient chez lui et qu’il ne connoissoit pas, pour aller par la ville et souvent dehors; après quoi c’étoit au maréchal de Tessé et sa suite de courir après, qui souvent ne le pouvoient joindre; mais quelque simplement vêtu qu’il fût, quelque mal accompagné et voituré qu’il pût être ou qu’il parût, e’étoit en roi et en maître qui ne se pouvoit méconnoître dans ses manières et jusque dans sa personne. On ne put se défendre d’être frappé de toutes les grâces qu’il montra avec le roi, et dès le premier instant qu’il le vit, de l’air de tendresse qu’il prit pour lui avec la politesse qui couloit de source, et toutefois mé1angée de la grandeur d’égalité qu’il fit sentir scrupuleusement, mais légèrement en tout, et de supériorité d’âge, et par ses manières apprivoisa tout aussitôt le roi à lui, se mit à sa portée, et persuada le monde qu’il s’étoit pris d’un véritable intérét en sa personne. Avec les deux filles de France, il parut très-mesuré et plein d’égards: il en eut, mais avec supériorité, chez madame la duchesse d’Orléans. Pour le régent, il ne sortit de son cabinet au-devant de lui que pour montrer avec quelle disparité il l’embrassoit et tout aussitôt s’en faire suivre et le mener en laisse dans son cabinet, et ne le remener après que précisément où il l’avoit pris. Il surprit tout l’Opéra du peu de façons qu’il fit pour se laisser présenter à boire, puis la serviette par ce prince, de l’air de grandeur dont il reçut ce service et qu’il conserva partout avec lui. Pour les princes et princesses du sang, il ne s’en embairassa pas plus que des premiers seigneurs de la cour, et tous les repas qui lui furent donnés par quelques-uns des principaux de la cour et pour des occasions naturelles, il les reçut civilement, mais comme des hommages. Los beautés purement de richesse et d’imagination et où les siennes ne pouvoient atteindre, comme les pierreries de la couronne, il témoigna en faire peu de cas; et l’on put remarquer sa politesse, mais inséparable d’égalité de majesté, avec laquelle il prit cette occasion de voir le roi sans que ce fût une visite. Notre luxe le surprit, et nos manières pour lui le touchèrent, mais il montra qu’il nous connoissoit bien. En partant il s’attendrit sur le roi et sur la France, et dit qu’il voyoit avec douleur que son luxe ne pouvoit manquer de la perdre et bientôt. On ne finiroit point sur cet homme véritablement grand, et dont la singularité et la rare variété de grandeurs, toutes diverses, en feront toujours, malgré de grands défauts d’une origine, d’une éducation et d’un pays barbares, un homme véritablement digne de la plus grande admiration.
G. Brunet I. s. 297, an merk. 1, sagt: On trouve des détails sur le séjour du czar à Paris, dans Saint-Simon, t. XXVIII, p. 137, dans les Mémoires de la Régence
(par le chevalier de Piossens, 1737, t. I, p. 318) et dans les Mémoires
de Louville, t. II, p. 341 , qui met en latin le récit d’une des prouesses de ce monarque. Ce qu’il buvait et mangeait était inconcevable, au dire de Saint-Simon. Sa conduite fut loin d’être toujours exempte de reproches. Voir aussi les Nouveaux Essais sur Paris,
par Coudray, t. III, p. 253.